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Conte Et si …

Quand on cherche quelque chose d’important, on peut mettre des heures, des semaines, des mois à trouver. Peu importe, on est en route…

Quand on ne sait pas que l’on cherche quelque chose, on peut mettre une vie sans trouver.

Alors, réfléchissez, cherchez vous quelque chose? Connaissez vous cette phrase « qui cherche, trouve » ?

Et parfois, tout est tellement simple, comme dans les contes.

C’est l’histoire que je vous conte.

 

 

C’était le grand jour, celui de la course du miel.

Nous sommes au pays des abeilles, chaque année, elles organisent une course qui consiste à ramener le plus possible et le plus vite possible, le pollen qui fera le bon miel que nous connaissons.

Le vainqueur aura le privilège d’écouter chanter la reine.

La reine chante divinement et vous transporte avec ses notes cristallines dans un monde inconnu, un monde où seul règne, comment dire ?

Une impression de bien être, de cocooning, comme si vous étiez enveloppé dans un nuage de douceur, je dirais d’amour inconditionnel.

Elle ne chante qu’une seule fois par saison, pour uniquement la vainqueur.

Cette récompense est unique et précieuse car une fois le chant fini, l’abeille qui a eu le privilège d’écouter est pourvue d’une confiance en elle, en sa vie, en la vie, si bien qu’elle peut, si elle le souhaite, partir, quitter la ruche en toute indépendance pour voyager et vivre une vie d’abeille tellement différente de celle de la ruche….

Elle a la confiance. Elle le sait, se sent aimée. Et ça change tout.

Quelques-unes des gagnantes sont revenues à la ruche et ont raconté leur voyage. Ça a l’air tellement palpitant… Mais bon revenons à notre course.

L’abeille qui nous intéresse est différente des autres. Si je devais faire un pari sur la gagnante, il ne faudrait pas la choisir.

Elle est plutôt chétive, toujours le nez en l’air, rêveuse, un peu gaffeuse, jamais où il faut quand il faut. Et pourtant, elle est enthousiaste, intéressée par tout, infatigable, toujours prête à essayer, elle a horreur de l’ennui.

Vous pensez si elle est motivée par cette course ! C’est la course de sa vie.

En même temps, elle connaît ses limites. Et c’est tant mieux, cela lui donne un avantage, celui de ne pas réfléchir avec sa tête mais plutôt avec son corps, ses sensations.

Si elle veut gagner elle ne peut pas compter sur les mêmes capacités physiques que les autres, elle, elle va se laisser porter par ses ressentis, ils ne la trompent jamais.

Le grand jour est arrivé, chaque abeille revêt son maillot et dossard. Notre abeille a le numéro 2222. Elle est contente de ce chiffre, elle adore le 2 et pourtant elle est la dernière inscrite. Mauvais présage ? Elle n’y pense même pas.

La reine est là, magnifique, la ruche est en ébullition, tous s’agitent. La reine donne le départ. Toutes les abeilles s’élancent, cela part dans tous les sens, surtout en direction des collines, des jardins. C’est par là que l’on peut trouver le plus de fleurs.

Notre abeille, elle, est perturbée par tout ce bruit, ces mouvements, cette agitation. Elle ne part pas immédiatement, elle a besoin de se recentrer. Elle ferme les yeux et hume le vent. Lui vient alors l’image d’un coquelicot. Elle adore cette fleur. Elle décide d’aller butiner des coquelicots.

Ces jolies fleurs ne poussent pas dans la colline, encore moins dans ces jardins tirés au cordeau. Plus difficiles à trouver, ils poussent où bon leur semble. Eh oui, le coquelicot est une fleur libre, elle se débrouille avec peu, cela lui permet de s’installer dans des endroits improbables.

De plus, contrairement à d’autres fleurs qui émettent des parfums précieux, le coquelicot ne libère pas de parfum.

Comment le trouver alors ?

Notre petite abeille n’a pas réfléchi à tout cela bien sûr. Elle prend son envol, au loin on ne voit plus les autres abeilles. Elle décide de monter haut dans le ciel, elle va se laisser porter par le vent pour ne pas se fatiguer et regarder la terre de loin. Ses yeux sont attirés alors par des petits points rouges. Elle adore le rouge. Elle ne voit pas encore ce que c’est et décide d’aller regarder de plus près. Vous l’avez sans doute deviné, ces petits points rouges sont des coquelicots.

Elle est ravie en atterrissant sur le premier qu’elle trouve. Elle ressent en se posant la douceur de l’accueil du cœur de cette fleur, aucune difficulté à l’atteindre, il est ouvert à tous ceux qui s’y arrêteront.

Chose étrange pour une fleur qui paraît si fragile, ce cœur est rempli, rempli de sucs, de sucs d’une douceur infinie. Notre abeille est toute surprise, elle n’a jamais butiné de coquelicots, et celui-ci se trouve dans un endroit tellement curieux. Il est en pleine ville, sur une route, seul. Très difficile de le trouver, et c’est peut-être pour cela qu’il est tellement heureux de voir la petite abeille. Peu sont venus le butiner, et pourtant, il a beaucoup à donner. Les apparences sont trompeuses.

Notre petite abeille se pose et discute avec lui. Oh là là ! Le temps passe, elle en est à sa première fleur, les autres sont rapides et affairées. Elle, elle discute tranquillement, elle ressent le besoin de parler au coquelicot, et ça lui fait du bien à elle aussi d’échanger.

Le coquelicot lui demande la raison de sa venue et la comprend très bien. Lui, la liberté, c’est son fer de lance, sa raison d’être, et pas que, en même temps.

S’il aime tellement la liberté, c’est qu’elle lui permet d’aller à la découverte de nouvelles choses, de nouveaux ressentis, son but ultime est de rencontrer l’amour.

 L’amour ? Trop bien, c’est ce que veut gagner notre abeille. Elle est toute enthousiaste, elle lui demande comment faire.

Comment faire ? il n’y a rien à faire. Tout est déjà fait.

Déjà fait ? Eh oui, lui explique le coquelicot. Qu’a-t-elle ressenti quand elle s’est posée sur son cœur ?

L’abeille ferme les yeux et ressent cette douceur, ce bien être, ce nuage d’amour qui l’entoure dans cette fleur. C’est l’impression qu’elle a eu en se posant tout à l’heure. C’est l’impression qu’a eu aussi le coquelicot.

Elle comprend qu’elle a déjà rencontré l’amour inconditionnel, nul besoin de remporter la course.

Elle se charge de son précieux bagage, promet de revenir au plus vite et décide de retourner à la ruche expliquer à ses amies sa découverte.

Toutes les abeilles sont arrivées depuis fort longtemps. La vainqueur a été désignée. La 2222 est bonne dernière, Ce n’est pas grave, elle n’y pense même pas.

La reine parle maintenant, elle donne les résultats de la course, félicite la gagnante.

Et puis se passe quelque chose d’inédit. La reine se tourne vers notre abeille et lui dit : » Je ressens que tu reviens avec un trésor, un trésor inestimable, quel est-il ? »

Notre abeille est tout étonnée, comment la reine est-elle au courant ?

Elle explique son aventure. La reine sourit et dit : » grâce à ce que tu ramènes, je vais avoir le privilège cette année de chanter 2 fois. Une fois pour la gagnante, et une fois pour toi car ce que tu transportes va permettre à ma voix de se régénérer instantanément pour rechanter une 2e fois. Je savais que c’était possible et ne l’avait encore jamais connu. Seul un suc spécial, celui de l’amour peut le permettre. Tu n’as pas choisi cette fleur sur des critères d’efficacité ou autres. Tu t’es laissée aller vers tes ressentis. Cette fleur t’attendait depuis longtemps. Personne ne s’intéressait à elle, et pourtant…

Cette année, exceptionnellement, la dernière sera aussi la première, et je pense, la première de bien des courses passées.

Je te remercie abeille sensible, tu es la preuve que tout est possible. Cette liberté que tu voulais gagner va te permettre de vivre ton amour pour ce coquelicot. Reviens de temps en temps à la ruche nous raconter. »

Notre abeille est tellement étonnée, que d’émotions, que de choses nouvelles à vivre. Elle pense : » la vie est belle »

Je vous souhaite de trouver votre coquelicot, et surtout, n’oubliez pas, c’est une fleur libre, ne la cueillez pas, elle ne survivrait pas. Laissez lâ s’installer tranquillement chez vous. Pas d’attente. Pas de jugement. Juste laisser être ce qui est. Il n’y a pas de course à faire.

Bien à vous

Angèle Parodi

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